C'est une question que beaucoup se posent : comment connaitre l'empreinte carbone de notre produit de beauté ? Entre les deux gels douches, comment choisir celui qui impacte le moins notre environnement ? Et si je vous dis que c'est désormais possible ? 😉
QUELLE EMPREINTE CARBONE ?
En 1979 L'Oreal a commencé à travailler sur les peaux artificielles. L'invention et la démocratisation de cette technologie a permis en 2003 l'arrêt définitif en Europe des tests sur les animaux (sans cette techno cela n'aurait pas été possible).
Travaillant de nombreuses années dans ce domaine, et rencontrant très souvent les marques, je sais que quand la réputation peut se convertir en une plus value marketing c'est la meilleure garantie de la qualité et de l'étique pour nous les consommateurs (la convergence des intérêts sert la cause commune). Certes, tous les groupes ne sont pas au même niveau de la prise de conscience, chez certaines marques ça va beaucoup plus vite que chez les autres (étrangement, se sont souvent celles à qui on pense le moins qui s'illustrent :), mais ... ça bouge !
Aujourd'hui, je vous propose de discuter ensemble d'un système d'évaluation de l'empreinte carbone des produits cosmétiques. Et pas de manière philosophique, mais de façon très concerte : les points et les codes couleurs qui nous permettent de savoir quelle trace laisse sur l'environnement notre shampooing, gel douche, crème solaire, etc.
Je précise que ce système d'évaluation est mis en place par L'Oreal, testé actuellement en projet pilote chez Garnier. Je l'ai appris lorsque je préparais notre Banc d'Essai Garnier Bio (le questionnaire ferme ce soir, plus que quelques heures pour vous inscrire !), et j'ai trouvé cela totalement inédit et potentiellement révolutionnaire !
En tout cas, ce système de points est unique, si cela fonctionne bien cela pourrait être vendu / offert à d'autres marques / groupes et aboutir à un vrai label (pourquoi pas ?).
POURQUOI CALCULER UNE EMPREINTE CARBONE ?
Dois-je expliquer pourquoi c'est urgent et important de faire des efforts à grande échelle pour réduire l'empreinte carbone de nos produits ? Les grands groupes qui fabriquent (et donc polluent !) de manière significative savent qu'ils ont un rôle à jouer. Puis, il y a un intérêt tout à fait "terre à terre" : qui nous dit que dans 5 ans une taxe malus ne sera pas imposée en fonction des traces laissées par les industriels sur l'environnement (cela existe déjà, mais cela pourrait être amplifié et élargie). Le principe "prévenir que guérir" s'impose, beaucoup de marques cherchent actuellement comment :
- réduire leur impact sur l'enivrement pour ne pas s'exposer au risque potentiel de nouvelles taxes futures
- se forger une réputation durable car on sait parfaitement bien que le monde a changé et que l'eco-réputation se convertit aisément en capital (entre deux produits, le consommateur - même quand il n'est pas eco-militant - va choisir le plus propre et le moins impactant pour la nature)
Pour pouvoir demain mieux gagner sa vie, il faut se préparer dès aujourd'hui à savoir calculer son empreinte carbone. Puisque sans la possibilité de la calculer, il est impossible de la réduire. C'est du pur business et c'est justement cela qui garantie la bonne exécution d'un tel projet (si ce n'était pas "convertible" en argent, personne ne bougerait de sa zone de confort établie depuis des décennies).
BON POUR L'ENVIRONNEMENT, BON POUR LA PEAU ? OU COMENT NE PAS JETER LE BEBE AVEC L'EAU DU BAIN ?
C'est la première question que j'ai posé à la personne chez L'Oreal avec qui j'ai pu discuter de ce projet. Et je tiens à rester parfaitement transparente et neutre (il ne s'agit pas d'un article "publicitaire" mais d'une vraie réflexion, vos commentaires et critiques constructives sont les bienvenus) : que fait-on avec la peau ? Je m'explique :
La question pour certaines molécules va forcement se poser : par exemple, certaines huiles essentielles sont toxiques pour l'environnement (bien que parfaitement naturelles), et certaines molécules synthétiques ont une empreinte carbone assez faible. Que fait-on dans ce cas précis ? Va-t-on privilégier la peau ou la nature ??
En réalité, ça sera à vous de décider. On vous expose la liste INCI (désormais quasi systématiquement traduite chez Garnier, donc plus facile à lire pour ceux qui ne savent pas les déchiffrer) et l'empreinte carbone du produit. A vous de faire le choix en connaissance de causes.
Mais moi je me pose cette question et je vous la pose aussi : entre un produit naturel et bon pour la peau mais plus mauvais pour l'environnement et un produit synthétique (pas mauvais mais disons moins bio disponible pour l'épiderme) mais soft pour la nature quel serait votre choix ?
COMMENT CALCULE-T-ON L'EMPREINTE CARBON ?
Déjà, pour commencer il fallait choisir une catégorie de produit car on ne peut comparer "des éléphants avec des boucles d'oreilles". La première catégorie a être passée sur ce nouveau système de calcul et d'attribution de points fut celle des produits rinçables. Il est assez évidant qu'à l'échelle de la population il y a plus d'impact d'utilisation des gels douche & shampooings que celui des rouges à lèvres.
Prenons donc les shampooings, les gels douches, les après shampooings. Leur empreinte carbone est une somme des empreintes carbones à différentes étapes de leur cycle de vie :
- impact des matières premières : imaginons qu'on achète l'huile de palme pour faire notre après shampooing, mais quel est l'impact de cette huile de palme sur l'environnement ? Il faut dé-forester, la planter, l'arroser etc.
- impact du processus de fabrication : on fabrique notre produit, quel est l'impact de ce cycle industriel (eaux usées rejetées, vapeur envoyée dans l'atmosphère, etc.)
- impact lors du stockage des produits (électricité utilisée, les voitures pour emmener le produit et le faire sortir de l'entrepôt, etc.)
- impact de la formule sur l'environnement lors de son usage : concrètement, l'envoie de votre shampooing dans la canalisation et finalement dans les eaux
- impact la fin de vie du packaging (recyclage ou pas, etc.)
- etc.
Voici tous les aspects de l'impact d'un produit de beauté sur l'environnement pris en compte dans l'attribution des points dans le système de calcul mis au point par L'Oreal :
Les impactes les plus significatifs interviennent à 4 niveaux :
- extraction des matières premières
- transformation des matières premières en ingredients
- utilisation du produit (pollution des eaux usées)
- la bio degradabilité (ou non) de la formule
On a donc pondéré des points attribués à ce type d'impact par rapport aux autres, moins significatifs. Chaque produit a reçu une note de A à E où A correspond à l'impact eco-freindly et E au produit qui a un fort impact (négatif) sur l'environnement (mauvais bilan carbone).
Sur le site de la marque, sur Garnier.fr, dans chaque fiche produit sur laquelle vous cliquez vous avez désormais un onglet "Impact environnemental global" avec la note du produit. C'est très détaillé car vous avez même le nombre de grammes de CO2 par utilisation / dose. Ceci est disponible uniquement pour le capillaire pour le moment.
Voici, à titre d'exemple, l'empreinte carbone du Shampooing Garnier Ultra Doux Nourrissant à L'Amande :
QUID A L'AUTO-CANIBALISATION ?
C'est également la question que j'ai très rapidement posé à mon interlocutrice : vous faites cela même pour les produits qui sont mal notés selon votre système de calcul ? Tout en sachant que potentiellement cela va causer une perte de chiffre d'affaire car le consommateur ne va donc pas acheter votre shampooing que vous avez vous mêmes mal évalué ?
Autrement dit : y-t-il des mauvaises notes ? Ou tout le monde est "bon élève" (au quel cas on pourrait soupçonner un petit manque de transparence).
On m'a répondu que le désir de la transparence est total et que clairement il y a des mauvaises notes, mais cela permettra très rapidement de reformuler les produits en question. D'ailleurs, j'ai pas cherché longtemps pour trouver un exemple, l'après shampooing Ultra Doux Vanille & Papaye a une très mauvaise note, une "E" :
Forcement, il faut accepter cette part de risque de mal se noter soi même. Mais ... si on regarde cela dans un paradigme de possibilité de l'évolution, avoir un regard réaliste sur son travail c'est le seul moyen de progresser. Visiblement, ils ont pris ce pari.
QUELLES SONT LES PERSPECTIVES ?
C'est un projet pilote, et je vous demande d'ailleurs de donner votre opinion / remarques, tout sera lu (profitez-en, les rares fois qu'on nous entendent).
Si ce projet s'avère concluant (suscite un intérêt du consommateur qui va réellement vouloir se renseigner sur l'empreinte carbon des produits qu'il utilise), cela pourrait être généraliser sur tout le groupe, et ... qui sait, peut être d'ici quelques années suivre le même chemin que les peaux artificielles de l'époque : devenir un standard.
En tout cas, imaginez si toutes les marques proposaient ce type de "macaron" et le calcul d'empreinte carbon pour chacun de leurs produits, que le consommateur jouait le jeu en les consultant et en choisissant le produit le plus eco-freindly, ça pourrait vraiment faire bouger les choses (les mauvais élèves seraient obligés de rectifier le tir et d'améliorer leur formule).
On en est pas encore là ... mais je suis curieuse de suivre l'évolution ! A vous maintenant de donner votre opinion :
- le projet vous le trouvez intéressant ?
- connaitre l'empreinte carbon de votre shampooing c'est quelque chose que vous pourrez prendre en compte en le choisissant ?
- que prime pour vous : l'empreinte sur l'environnement ou l'impact de produit sur votre peau ? Entre un produit naturel avec une forte empreinte carbon et un synthétique avec une faible, quel serait votre choix ? Je vous promets, aucun jugement car moi même je crois que je prendrais le naturel (même si il a une mauvaise notre environnementale)
En Partenariat avec Garnier
C’est un projet très intéressant ! Parce que je pense que beaucoup d’entres nous seraient prêts à faire des efforts. Jusqu’à un certain point, certes mais si tout le monde fait un petit quelque chose l’impact peut être important.
RépondreSupprimerDe mon côté, sur le choix des produits ça va être compliqué et honnêtement ça va être du cas par cas. Je ne suis pas regardante sur les produits corps par exemple, tant que je ne sors pas avec les jambes qui grattent à mort. Donc pour un gel douche ou une crème corps c’est définitivement un critère qui va compter. Pour le visage... Ca dépend, je n’ai rien contre le synthétique à ce niveau là mais l’efficacité du produit reste importante pour moi. Je ne pense pas pouvoir y renoncer. Ceci dit, si j’hésite sur deux produits, autant choisir celui qui a le moins d’impact sur l’environnement. Du côté des produits cheveux..... Je refuse de retourner en arrière sur le synthétique. Je serais moins encline à faire l’effort sur ce point. Autant le visage je peux encore négocier tant que les résultats sont au rendez-vous mais pour les produits cheveux, je trouve qu’il y a tellement peu d’alternatives qui fonctionnent correctement sur mes cheveux .... :( Je n’ai déjà pas beaucoup de choix. Mais pour le corps, je suis bien moins exigeante et suis totalement prête à faire l’effort !
Excellent article.Une très bonne initiative de la part de L'Oeéal, marque française mondialement distribuée.
RépondreSupprimerMon choix se porterait sur l'utilisation du produit. pour un serum je ne tiendrais pas compte de la lettre contrairement à un demaquillant par exemple, plus polluant.
Je suis utilisatrice de produit Sanoflore, produite par eux.
Coucou, quelle brillante idée! Bien sûr que le consommateur beauté éclairé aimerait concilier les deux aspects (bon pour lui et bon pour l’environnement) mais comme pour les produits alimentaires le changement risque d’être fastidieux .... quant à moi, je choisis, quand l’offre m’est proposée, un produit eco friendly sans hésiter.
RépondreSupprimerHello Alina ! Merci pour le partage de ce beau projet. Personnellement (et c'est vraiment très personnel), je privilégierais la peau à l'environnement mais je trouve ce projet génial ! Cela va vraiment permettre d'encourager le retravail de produits en prenant cela en compte (attention tout de même que ce ne soit pas au "détriment" de la peau comme la vague Yuka et compagnie...).
RépondreSupprimerMaryne
Je ne me suis jamais posé la question à vrai dire ! Pas pour les cosmétiques en tous cas.
RépondreSupprimerL’idée est très bonne c’est une chouette initiative
Je ne suis personnellement pas cliente de la Marque mais je soutiens !
Et c’est aussi intéressant d’avoir souligné que c’est le groupe L’Oreal qui a permis d’arrêter les tests sur les animaux de par leur test sur les peaux artificielles ! On le pointe très souvent du doigt mais pour le coup avec le projet que tu présentes on ne peut que saluer et reconnaître la bonne idée !
Je pense que c'est un projet à soutenir !
RépondreSupprimerVa-t-il révolutionner nos achats ? sans doute pas, car comme tu le soulignes il y aura régulièrement un marché à conclure entre ce qui est bon pour l'environnement et ce qui est meilleur pour notre peau. Il n'y aura donc pas disparition totale des produits à mauvaise note, mais peut-être que comme le bio a sensibilisé les consommateurs, et donc les marques, à améliorer les compositions, cette notation incitera les groupes cosméto à améliorer leur chaîne d'approvisionnement et de production… Et ce serait déjà pas mal !
Ainsi, aujourd'hui encore il y a des choix à opérer entre bio et synthétique, et l'un n'a pas eu la peau de l'autre. Demain il faudra ajouter dans l'équation l'empreinte carbone qui n'aura pas non plus systématiquement le dessus, mais pourra sans doute aider à éliminer les produits les plus nocifs de l'offre.
Je pense par ailleurs que le fait que L'Oréal joue le jeu en acceptant de mal noter certains de leurs produits est un gage supplémentaire qu'il ne s'agit pas juste d'un gadget marketing. Restera ensuite à faire le bilan et pondérer les différents critères de chacun. Pour ma part, ok pour prendre les "A" pour ce qui est des produits douche et shampoing (à condition qu'ils fassent le job, nous sommes d'accord, je ne tiens pas à finir avec une tignasse de foin ou des tiges raides comme de la ciboulette sur la tête), pas si sûre pour les soins du visage pour lesquels je privilégie encore l'efficacité et le côté doux pour ma peau sensible.
A suivre!
Bonjour Alina, c'est effectivement un projet très intéressant et très courageux de la part du groupe l'Oréal. Cela pourrait être une donnée supplémentaire lorsque nous choisissons nos cosmétiques. En revanche, en ce qui me concerne, le plus important reste l'efficacité - que le produit soit naturel ou pas (je peux aussi bien mettre du Ren ou du Sanflore que du Oskia, Dermalogica, Alpha H, SkinCeuticals etc). Si les produits sont efficaces + naturels + faible impact carbone, évidemment c'est le Graal!
RépondreSupprimerC’est un projet passionnant...je suis une partisane d’une meilleure consommation si mon pouvoir d’achat me le permet mais si tout le monde est obligé finalement de faire mieux car noté, on ira forcément vers du meilleur. Je privilégie le mixte entre naturel et avancée scientifique afin de prendre le meilleur des 2 pour ma peau....Je salue le groupe L’oréal qui je trouve essaie de se tourner vers un avenir différent.
RépondreSupprimerBonjour Alina,
RépondreSupprimerChapeau à L'Oréal pour le coup! C'est vraiment une initiative intéressante. Et en étant optimiste, j'espère que ça aura un impact positif sur le reste des marques, notamment de grandes distribution qui sont souvent pointées du doigts pour la "qualité" de leurs produits en termes d'ingrédients. L'objectif étant de tirer tout le monde vers le haut. D'ailleurs, il est vraiment bien de voir que tous les produits sont soumis à ce test et pas uniquement ceux obtenant une bonne note. Ça rend vraiment transparent le processus et ça revalorise en même temps l'image de la marque. Je me pencherai plus facilement vers Garnier du coup pour des basiques à petit prix, surtout après ton article et analyse sur la gamme visage à la citronnelle.
Pour ma part et pour le choix des produits, ce sera vraiment du cas par cas. Je pense que j'essaierai de trouver un juste milieu entre produit "plaisir", bon pour la peau (ayant une peau qui démange assez vite) et bon pour l'environnement, notamment pour les rejets. Pas facile tout ça.
J'aime beaucoup ce genre d'article, j'ai l'impression que tu en fait de plus en plus (détrompe moi si j'ai tort) et ça permet de faire prendre conscience d'un certain nombre de choses scientifiques mais pas que. Alors merci et j'attends maintenant avec impatience d'autres articles de ce genre avec de nouvelles initiatives intéressantes de la part de marques, grand public ou non.
Super article , merci beaucoup
RépondreSupprimerSuperbe projet et défi de taille....personnellement je suis toujours obligée de faire le grand écart entre ma peau sensible et mon idéal écologique, avec un fort accent posé sur rapport entre le bénéfice soin et les répercussions sur l’environnement et la santé. Tout n'est pas parfait, et est perfectible ( c'est la bonne nouvelle) ! Pour ma part la question de l'emballage est cruciale, sachant que même en opérant un tri, la proportion du plastique recyclé reste grandement à améliorer. Pour les soins lavant, il me semble que nous pourrions passer au rechargeable, j'y crois sincèrement et je serai cliente ! Pour les soins hydratant, de belles initiatives ont vu le jour, à quand les recharges individuelles en GMS ? Je suis sûre que nombre d'entre nous seraient séduits...
RépondreSupprimerUn grand MERCI pour l'article et ton blog en général.
Et bien je ne suis pas toujours en phase avec l'Oreal ùais là je dis chapeau, il est temps de revoir nos façons de consommer et cela passe par le consommateur mais aussi par les grands groupes par lesquels beaucoup de gens passent. Je me posais la question de la trnsparence en lisant le texte donc ravie de voir que même les vilains petits canards sont notés (et en vue d'une remise en question pour la marque).
RépondreSupprimerJe pourrais effectivement revoir l'utilisation de certains de mes cosmétiques (déjà plus ou moins amorcée) selon leur empreinte carbone. Évidemment je pense aussi à ma peau, donc je privilégierai certainement le naturel... A voir pour quelques compromis. Merci pour cet article qui nous pousse encore une fois à voir plus loin que l'utilisation en mode "mouton" des cosmétiques.
Bonjour, sans avoir regarder je vous réponds sur un point : normal pour le shampoing vanille en E : car les seuls pays producteurs sont Madagascar et Indonésie = mauvais impact carbone. merci pour cette étude très pertinente !
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